lundi 19 décembre 2011

Une lueur d'espoir

Je sais dans mon cœur qu’ils ont été frappés, mais j’ai encore une lueur d’espoir. L’espoir qui doit disparaitre si je veux rester réaliste. Réaliste . . . Je vais continuer à vivre une vie de solitude et de tristesse. Mais aujourd’hui je ne semble plus être réaliste, j’ai encore l’espoir inexplicable qu’ils viendront  me chercher. Après toutes nos discussions ils ne me laisseront pas ici, ils trouveront un moyen pour me sauver . . .
Toutes ces pensées utopiques- toutes ces pensées de joie, ont commencé il y a quelques semaines . . .    Il y a quelques semaines ma vie était une vie de solitude et d’une tristesse hors contrôle. Après avoir été abandonnée quelques heures après ma naissance,  j’ai trouvé le moyen de vivre avec cet abandon, ce manque d’amour. Après 14 ans de solitude dans un orphelinat aussi désastreux que celui-ci, j’ai réalisé que tout rêve  me mène au désappointement. Après 14 ans d’avoir été la petite orpheline avec les cheveux brun pâle et les yeux noirs comme un chat d’halloween, personne ne s’intéresse à toi. Ma vie était une routine, avec tous mes efforts j’étais encore prise dans cette horrible routine. Une routine qui n’avait pas la capacité d’accueillir une minute de joie ou une seconde d’espérer pour des parents adoptifs. Jusqu’à il y a quelques semaines c’était ma vie. Le matin j’aidais les autres orphelines à se préparer pour l’école, à midi nous nous rendions à l’école, une institution pleine de moqueries, puis nous nous rendions à l’orphelinat, cet édifice n’est pas ma maison après 14 ans, puis le reste de la soirée j'aide dans la cuisine. C’était une vie que j’ai acceptée, non chaleureusement, il y a longtemps. Personne ne m’a jamais donné l’impression qu’il y ait moyen de sortir de cette vie banale. Toutes ces pensées déprimantes, de solitude, de tristesse et d’abandon ont drastiquement changé lorsque Haley et Phil m’on contacté. C’était une journée très ensoleillée d’août, je revenais du petit parc avec toutes les petites filles de l’orphelinat. Pour la première fois, la maitresse m’a remis une lettre et je ne pouvais pas croire que quelqu’un avait l’intention de me contacter. J’ai freiné rapidement ma joie pour avoir le cœur net en ouvrant l’enveloppe blanche. Mes yeux ont survolé le lettrage rapidement pour voir le nom de l’agence d’adoption. Jamais auparavant n’avais-je reçu une telle lettre. J’étais ravie! J’ai continué à lire la lettre et j’ai compris après quelques phrases qu’une famille de Géorgie aux États-Unis était intéressée à m’accueillir dans leur maison. La famille Harris. Si tous les formulaires était finalisés,  je pourrai avoir une famille, je ne serais plus seule . . . Je n'aurais plus à rêver d’une famille. J’aurai la chance et les moyens de me faire des amies, des amies qui ne partiront pas après quelques mois. J’aurais une maison avec mes propres affaires! Le vide dans mon cœur aura finalement la chance d’être rempli de tendresse et d’affection qu’on reçoit des parents ou qu’on en donne!Il y a dix minutes je n’avais aucun espoir d’avoir un parent et plus ma lecture avance, plus je réalise que j’ai la chance d’avoir deux parents! Pour la première fois dans ma vie j’ai senti que j’étais complète. Les documents finaux n’étaient pas encore signés, mais j’avais maintenant une raison d’espérer, cette vie de misère pourrait bientôt finir.  Après quelques minutes de choc et de joie excessive j’ai décidé de leur écrire et de leur informer de ma vie. J’ai expliquée que j’étais une jeune adolescente de 14 ans qui aime peindre et cuisiner. J’ai aussi expliqué que je n’avais jamais voyagé  hors de l’ile d’Haïti.  À la fin de la lettre j’ai décris ma vie à l’orphelinat et surtout je les ai remercié de leur intention de  m’adopter. J’ai rapidement rempli trois pages, trois pages remplies de mots de joie.

En vivant dans une petite ville toutes  lettres venant d’ailleurs arrivent seulement deux fois par semaines. Après deux semaines de bonheur et d’anticipation ma lettre est finalement arrivée de la résidence Harris. La lettre disait qu’ils étaient très heureux que je désire aller vivre avec eux comme addition à la famille. Phil, l’homme qui a envoyé la première lettre, expliquait que lui et son épouse, Haley, voulaient adopter une fille et ils étaient intéressés par le profile de mon port folio. Il a ensuite expliquer qu’ils étaient en contact avec l’agence d’adoption. J’ai relu la lettre une dizaine de fois. Il semblait que Phil et Haley vouaient sincèrement prendre soin de moi . . . Les semaines étaient chargées avec des lettres, des appels téléphoniques et plusieurs documents à signer. L’agence d’adoption était très formelle durant tout le processus. Haley et Phil m’ont envoyé plusieurs lettres disant ce qui se passait à l’autre bout du monde en Géorgie. Apparemment toute leur famille était anxieuse de me rencontrer. Inimaginable est le seul mot assez précis pour décrire comment je me sentais. Phil et Haley continuaient à m’envoyer des lettres puis nous avons même eu la chance de nous parler au téléphone.  Nous avons discuté de la vie de Phil et Haley, la vie en Géorgie, les inspections et entrevues hebdomadaires chez eux. De plus nous avons discuté une fois que les documents seront finalisés comment j’allais  me rendre en Géorgie sans problèmes. Lors d’une entrevue une travailleuse sociale ma questionnée sur les voyages en avion. L’agence d’adoption craignait que je sois trop nerveuse durant le long vol. Le petit ‘incident’ de vol a ensuite ralenti le processus d’adoption -  le processus pour me sauver.
Après deux longues semaines la travailleuse sociale, Phil, Haley et moi en sommes venus à un accord pour mon grand voyage vers ma nouvelle vie. En voulant être établie en Géorgie une semaine avant que l’école commence nous avons planifié que Haley et Phil allais venir en Haïti me rencontrer. Nous allons ensuite retourner vers les États-Unis, où j’aurai la chance de commencer ma vie, avec ma famille. Le six septembre j’aurai finalement la chance de rencontrer mes parents adoptifs.

La soirée avant le six septembre j’étais incapable de dormir. 16 heures, 15 heures, 14 heures. Je comptais chaque heure, chaque minute jusqu’au moment ou j’aurais finalement la chance de partir de cette petite île.   J’étais couchée dans mon lit et je pouvais sentir l’adrénaline qui circulait dans mon corps. Je pouvais sentir chaque cellule individuelle. Après huit semaines de discussion j’étais encore dans un état de joie inexplicable. Une fois rendue en Géorgie j’allais explorer mon environnement et avoir une merveilleuse vie avec ma famille.
Le 6 septembre 1928
Je suis maintenant devant les portes de l’orphelinat et j’attends mes parents. Je gigote sans arrêt, mais je ne quitte jamais l’avant de l’orphelinat. J’ai tellement hâte de voir  Haley et Phil s’approcher. Je suis trop excitée pour aller voir dans le miroir, mais je crois que j’ai un sourire énorme qui couvre tout mon visage.
Quatre heures, quatre heures que j’attends les Harris. Chaque minute qui passe, non chaque seconde, je deviens de plus en plus inquiète. Notre petite ville, autrement calme, semble lentement changer d'atmosphère.   J’apperçois de plus en plus des regards tristesse dirigée vers moi par les villageois. Après une demi-heure je décide de quitter les portes de l’orphelinat pour demander les raisons des regards. Je vois Rosie-Anne, une jeune fille de 9 ans que je connais depuis 8 ans, et je décide de la questionnée.
-Salut  Rosie-Anne
-Ah salut Leila, t’es encore ici . . .
- Oui, savez-vous ce qui se passe? Tout le monde dans le village me regarde avec des regards étranges.
-Eh bien je ne voulais pas que ça soit moi qui te le dit mais . . . humm Leila . . .  au États-Unis il y a eu un gros ouragan, et puis . . . je crois que j’ai entendu à la radio que la Géorgie vient d'être frappée.  . . .
Rosie-Anne continue de me parler, je crois quelle me dit que mes parents adoptifs sont probablement perdus, et qu’ils n’étaient pas pris dans le désastre. Après les premiers mots, après l’expression faciale de tout les autres villageois j’ai tout compris.
Je suis prise d'un grand choc,  rien ne m’affecte, je sais que Phil et Haley peuvent en sortir. Mes parents-adoptifs semblaient être des personnes fortes lors de nos conversations. Je me dis une vingtaine de fois qu’ils sont en retard, c’est tout . . . non? Je ne peux plus en discuter. Je retourne rapidement aux portes de l’orphelinat pour attendre  mes parents. Je me dis que j’attendrais aussi longtemps qu'il leur faudra pour trouver ce désastreux orphelinat. Je vais rester ici, ils viendront,  je peux le sentir dans mon cœur. Je reste ici pour mes parents, ils vont venir me chercher et me sauver.

Le 6 septembre 1928, trois heures plus tard, Leila est devant les portes de l’orphelinat
Je sais dans mon cœur qu’ils ont été frappés, mais j’ai encore une lueur d’espoir. L’espoir qui doit disparaitre si je veux rester réaliste. Réaliste . . . Je vais continuer à vivre une vie de solitude et de tristesse. Mais aujourd’hui je ne semble plus être réaliste, j’ai encore l’espoir inexplicable qu’ils viendront me chercher. Après toutes nos discussions ils ne me laisseront  pas ici, ils trouveront un  moyen de  me sauver.
Le 7 septembre 1928, 1heure du matin, Leila est encore devant les portes de l’orphelinat
Je réalise dans la noirceur devant l’orphelinat que je n’ai plus à attendre. Je n’ai plus à attendre mes parents, ils ne viendront pas.  Toutes ces journées de joie incontrôlable sont  parties.  Je dois retourner dans une vie de solitude. Je serais toujours seule. Personne ne voudra jamais m'aimer et je n’aimerai plus personne comme j’ai aimé les Harris. Nous ne nous étions jamais  vu,  par contre nous avions développé une relation qui ne partira jamais de mon cœur. Une relation d’amour inattendue et inexplicable partie pour toujours. J’ai 14 ans et seulement quelques semaines de ma vie ont été passées dans la joie. Toutes ces émotions chaleureuses arrachées à cause d’un ouragan désastreux, horrifiant et mortel.
Le 5 octobre 1928
Les experts disent que l’ouragan qui a frappé les États-Unis est une des catastrophes naturelles les plus désastreuses dans l’histoire du pays. Plus de 4078 morts durant l’ouragan Okeechobee. Plus de 5000 personnes se sentent probablement comme moi après l’ouragan. Plus de 5000 personnes ne reverront jamais leurs amies ou leurs familles. Il s'est passé presque qu'un mois depuis la date du rendez-vous. Après un mois je réalise la grandeur de la relation que nous avions développée et que j’ai encore de  l’espoir.  Je rêve la nuit qu’ils tentent de me contacter mais il n'y a pas d'électricité.  Le soir je pense aux mille et une raisons qui les ont empêchés de venir.  Mille et une raisons mais jamais dans mes rêves sont t-ils morts . . .
J’attendrai toujours . . . toujours.

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